Le conformisme, bien qu’il reste un terme plus ou moins ambigu, se définit comme « le processus social, par lequel les individus modifient leurs conduites et attitudes en fonction de celles des autres, dans un but d’intégration dans le groupe.» L’indispensable de la psychologie Cette envie d’intégration est dûe à la nature de l’être humain en tant qu’être sociable, comme disait l’historien sociologue tunisien Abderrahman IBN KHALDOUN : « l’homme est sociable par nature. » Cela parait très logique puisque « l’essence humaine de la nature n’est là que pour l’homme social ; car c’est seulement dans la société que la nature est pour lui comme lien avec l’homme, comme existence de lui-même pour l’autre et de l’autre pour lui. » LEIBNIZ C’est donc une nécessité d’être intégré dans la société, qui se définit tout simplement comme étant « l’ensemble d’individus entre lesquels il existe des rapports organisés et des services réciproques. » André Lalande Ces rapports et services nécessitent l’adjonction de comportements, de lois, de règles et de codes imposés à tous les individus, ce qui les rend assimilables, semblables, proches les uns des autres et, par la suite, conformes. L’individu ne supporte pas d’être seul, sans liens avec autrui, car la nature a horreur du vide. « Son bonheur dépend de sa solidarité avec ses compagnons du présent, avec les générations antérieures et futures. » LEIBNIZ
Cette première définition a un sens bénéfique, utile et constructif faisant du conformisme un processus naturel que tous les individus subissent et acceptent parce qu’ils sont nés conformes et que chaque individu né est issu d’une famille, premier moignon d’une société, qui, en grandissant, aboutit à une tribu, un état ou à une union fédérale… Ces individus sont, par nature, conformes physiologiquement, possédant un corps humain bien défini, composé des mêmes organes fonctionnant de la même manière, suivant un même code génétique. Charles BAUDELAIRE disait : « Un pareil homme avait-il réellement le nez au milieu du visage et était-il tout à fait conforme comme le reste de ses semblables? » La Fanfarlo En outre, ils ont des réactions et des sentiments, des émotions et des sensations identiques telles : la peur, la joie, la tristesse, la colère, l’amour, la haine, la surprise et le souci…
Si tous les animaux, par instinct grégaire, vivent en collectivité ; l’homme en tant que tel n’échappe pas à la règle. Plus conscient, l’homme organise sa vie collective ; n’est-ce pas de cela qu’est née la notion du conformisme dans sa plus simple définition?
Le conformisme a une valeur sans doute positive et indéniable. Il permet a l’individu de s’intégrer dans la société en appliquant les normes qui, en fait, désignent les conventions qui règlent et conduisent la vie sociale. L’intériorisation des normes se fait dès l’enfance par imitation. Elles sont transmises par nos précédents. C’est vrai que les individus sont conformes dans leur nature en tant qu’êtres humains mais leurs rapports et cohésions avec la vie les transforment en êtres différents et même très différents. Chacun se dissout et s’intègre dans l’entourage où il a vécu, il s’adapte avec son environnement, il suit les traditions, les habitudes, les rites et en un mot la culture, jusqu'à devenir conforme aux autres. Donc « Le conformisme est le respect étroit de la norme, de la tradition, des usages établis, de la morale en usage. » b
Le résultat étant une prédisposition à se soumettre à l’autorité, à obéir, à se conformer aux normes que cette dernière prescrit. Il est face à l’influence sociale normative. De même, par crainte d’être rejeté par sa société, l’homme se conforme aux normes du groupe au point qu’il oublie de les mettre en question. Il est ainsi aliéné. On touche ici l’autre face du conformisme dans sa mode péjorative où l’individu est soumis passivement aux opinions, aux règles, aux normes et aux modèles qui englobent la mentalité collective et les valeurs du groupe auxquelles il a adhéré et qui sont par conséquent devenues les siennes. C’est l’imitation des autres en paralysant toute pensée personnelle. C’est là, une notion essentielle qui doit mettre la lumière sur cet iceberg qui est le conformisme : l’apparent est visible, le caché est plus profond.
Dans la nature chaque chose qui échappe au contrôle peut se transformer en son contraire. C’est ainsi que le conformisme est l’« Adhésion, consciente ou non, aux valeurs, normes et comportements prédominants dans le groupe d’appartenance ou de référence ». Il « s’oppose à la déviance, encore que l’hyperconfomisme puisse être considéré comme une forme de déviance.» Dictionnaire sociologique
Être conformiste, c’est se laisser tirer les ficelles par les autres, c’est le suivisme et la soumission aux modes et conventions sociales par instinct grégaire et mimétisme (l’imitation inconsciente). Même s’il facilite la cohésion sociale et le désir d’appartenance au groupe, mais ça entraîne l’aliénation (la transformation de l’activité propre de l’homme en une puissance qui lui serait étrangère, et qui le domine. / D’après : le dictionnaire sociologique) de l’être qui devient malléable et moutonnier… Certains utilisent la métaphore du « troupeau de moutons », un troupeau qui se laisse docilement conduire à un seul et même abreuvoir, celui de la consommation, c’est lorsqu’ils suivent tous la tête du troupeau. Quand ce dernier se dirige vers un ravin ou une falaise, les autres le suivent et tout le troupeau se suicide sans qu’un seul se pose la question de savoir s’il fait bien de se jeter dans le vide. Où, de même, l’expression « mouton de panurge » c’est à dire se comporter comme les moutons de Panurge dans l’histoire de Rabelais, quand Panurge a jeté un mouton à l’eau. Bien entendu, les autres moutons l’ont immédiatement suivi et tous se sont noyés.
Ce qui ressemble à l’être qui fait la même chose que les autres, suivre une mode, se conformer à une idée dominante, en éliminant tout sens critique.
Notons que la notion de conformisme est née au fil de l’histoire passant par plusieurs étapes religieuses, politiques, philosophiques, très intriquées, enchevêtrées que nous ne pouvons pas détailler car notre but n’est autre que parler du conformisme de l’homme moderne, précisément dans la société de masse où il se manifeste largement.